© textes issus du site “jardin d’Emerveille, de divers livres dont celui de Blaise Leclerc ” Ma bible de la Permaculture” aux éditions Leduc
Les bases éthiques, au nombre de 3, sont d’une grande importance, d’une simplicité et d’une efficacité incroyable et doivent être à la base de toute création de projet permacole. Du respect de cette base dépendra la viabilité, la durabilité et je dirais même la beauté de tout le système que vous mettrez en place.
Le fonctionnement du système et sa productivité ne doit pas nuire à la nature, il ne doit pas générer de pollution ni épuiser les ressources qu’elle lui fournit. Ce point là intègre évidement l’humain en tant qu’être vivant faisant partie de la nature, ainsi que la nature au sens large : le sol, les forêts, la ressource en eau, les océans, les ressources minières, les animaux…
Ce point-là à différents niveaux de compréhension et il s’applique à l’humain en tant que personne mais aussi en tant qu’individu faisant parti d’une société et par extension de la société elle-même. Il s’agira donc de prendre soin de soi, de sa propre santé mentale, physique, émotionnelle pour ensuite être bien avec les autres et être capables de vivre en groupes organisés dans le respect de chacun. La communication non violente, les gouvernances partagées sont des exemples parmi d’autres de ce respect.
Ce dernier point demande un peu de réflexion. Tout d’abord il s’agit de consommer selon notre juste besoin afin d’éviter tout problème de surconsommation qui engendre des problèmes de pollution. Une fois cela accompli, le surplus, s’il y en a, pourra être redistribuer de manière équitable.
Cette base éthique va donc nous servir de garde-fou à chaque fois que l’on veut réaliser une action ou mettre en place quelque chose de nouveau dans notre système. On va donc régulièrement se poser des questions comme celles là :
Est-ce que ce que je fais est durable, pour moi et pour la planète ?
Est-ce que si nous tous, les quelques milliards d’êtres humains qui existent, on faisait ça, ce serait durable ?
Est-ce que si je fais ça, je me respecte et je respecte les autres ?
Est-ce que si je fais ça, je prends soin de moi et des autres ?
Est-ce que ce que je produis, et dont je n’ai pas besoin, je le partage avec les autres êtres vivants (humains… mais pas seulement !)…
Toutes ces questions remettent en question tellement de choses, nos actes, nos comportements…
surtout pour nous occidentaux civilisés il me semble… mais ce n’est peut-être qu’un préjugé personnel… ou pas
Alors que les bases éthiques peuvent servir de fil directeur, de moyen d’évaluation pour connaitre si une action ou un élément est juste et respectueux, les principes, eux, sont plutôt des moyens de passer à l’action. Il s’agira, en quelque sorte, d’une palette d’outils pour nous aider à choisir la meilleure action à réaliser au meilleur moment et au meilleur endroit. Les principes sont universels et valables quels que soient l’endroit ou vous vous situez et quelle que soit votre situation ou votre domaine d’action.
Il n’existe pas de liste précise de principes, selon les sources, on en dénombre 12, 24 ou même 30 ou 40…
Je vais me baser ici sur les principes qui ont été écrits par David Holmgren et Bill Mollison. On attribue à chacun d’eux 12 principes des base mais souvenez vous que ces principes découlent de l’observation de phénomènes naturels et qu’en partant de là leur nombre pourrait être illimité …
Pour définir ces principes, ils se sont basés d’une part sur les pratiques de certaines tribus qui savaient produire leurs ressources tout en prenant soin de la nature et d’autre part sur les systèmes naturels, tels que les forêts, qui fonctionnent depuis la nuit des temps tout en étant productives sans jamais créer de pollution. C’est pourquoi on dit qu’en permaculture, le meilleur exemple à suivre c’est la nature, seul système stable et résilient existant sur lequel on a autant de recul car il existe depuis toujours. Et c’est aussi pour cela que l’on dit des systèmes permaculturels qu’ils coulent de sens, que c’est des choses que les anciens pratiquaient bien avant que l’on nous parle de permaculture. Ce que fait la permaculture c’est juste mettre en lumière et organiser toutes ces connaissances pour en faire une méthode qui ait du sens et qui soit facilement transmissible.
1) Observer et interagir
L’observation est en effet l’un des fondements du mouvement, à différentes échelles. Les créateurs de la permaculture fondent aussi l’observation comme point de départ de ce qu’ils appellent le « disign » : établir un plan du jardin avec une vision globale. L’observation permet un gain de temps important, en évitant des actions inutiles. Ce principe vise essentiellement à faciliter l’émergence d’un mode de pensée à long terme, indispensable pour concevoir de nouvelles solutions
2) Capter et stocker l’énergie
Capter l’énergie veut principalement dire l’énergie solaire, l’énergie géothermique. Le stockage par contre est plus délicat à concevoir. En permaculture on parle plutôt de stockages liés au vivant, que la nature a mis des millions d’années à mettre au point. Les plantes captent le soleil et la chlorophylle le transforme en sucre, l’énergie indispensable aux plantes. L’eau permet également de stocker la chaleur et sert ainsi de tampon thermique. Les graines emmagasinent toute l’énergie nécessaire à la germination et aux premiers jours du développement de la plante. Ce concentré d’énergie, sous forme de glucide, protéïne, lipides , qui ,encore aujourd’hui, nourrit l’humanité : graine de céréales, de légumineuses …
3) Obtenir une production
Une production, un profit ou un revenu agissent comme une récompense qui encourage, qui entretient ou qui reproduit le système qui les a générés. C’est comme cela que les systèmes prospèrent se développent. Ce principe, selon les concepteurs, est primordiale, il est le moyen de replacer la production alimentaire au cœur de la population afin d’éviter les dérives de l’agro-alimentaire et de ses conséquences sur la nature et notre santé. Ce principe vient automatiquement alimenter le troisième principe éthique : partager les surplus. Produire une bonne partie de son alimentation entraine des surplus car il faut toujours semer, planter un peu plus que nécessaire pour être sûr de récolter suffisamment .
4 ) Appliquer l’autorégulation et accepter à la rétroaction
Notre société est comme un adolescent qui veut tout, et tout de suite, sans vouloir supporter les conséquences. Le développement de comportements et de cultures mieux adaptés aux signaux de rétroaction que la nature nous envoie pour prévenir la surexploitation est l’un des défis de notre civilisation. Appliquer l’autorégulation et accepter la rétroaction nécessite de bien appliquer le principe n° 1 observer et interagir. Connaitre les capacités d’un milieu à s’autoréguler (ravageurs – prédateurs : ex pucerons et coccinelles) évite bien du travail inutile, mais ne veut pas dire ne rien faire (comme semer préventivement des fleurs dans l’exemple) .
A l’échelle personnelle c’est reconnaitre ses erreurs et y remédier. On peut aussi reconnaitre les erreurs de nos aïeux, de nos contemporains et y remédier, sans pour autant se culpabiliser.
A l’échelle économique il permet d’évaluer nos besoins matériels réels, et de consommer en conscience.
5) Utiliser et valoriser les ressources et les services renouvelables
La quête de la maîtrise totale de la nature par l’utilisation des ressources et de la technologie n’est pas seulement coûteuse, elle peut aussi mener à une spirale d’interventions et de dégradations des systèmes et des processus biologiques qui représentent déjà le meilleur équilibre entre productivité et diversité .
Une ressource renouvelable est une ressource qui peut être renouvelée par des processus naturels, sur une période de temps raisonnable, sans apport important de ressource non renouvelable. Par exemple le bois de chauffage, le verre, … Ce principe vise à rechercher la meilleur utilisation possible des ressources naturelles pour créer une production puis la maintenir. Un service renouvelable est celui fourni par une plante, un animal, la vie du sol ou de l’eau, sans qu’il y ait de consommation, par exemple l’ombre d’un arbre.
Un service renouvelable ne s’épuise pas et ne nécessite aucune dépense d’énergie. L’utilisation d’un animal pour le travail de préparation du sol ( cheval, cochon, poules ) ou pour tracter des charges est au cœur de ce principe.
6) Ne produire aucun déchet
Il est facile de gaspiller en période d’abondance mais ce gaspillage peut être à l’origine de privations ultérieures. Cela est particulièrement pertinent dans un contexte de descente énergétique.
Un entretien périodique est précieux pour éviter le gaspillage ainsi que les grands travaux de réparation et de restauration coûteux en travail.
La nature ne produite aucun déchet, tout est recyclé, car il s’agit effectivement de cycles ! Le sol est le plus grand réceptacle des déchets végétaux et animaux, et le plus grand recycleur. Car l’humus non seulement sert à alimenter de nouvelles plantes, mais donne à la terre des propriétés de légèreté, d’aération et d’humidité.
Consommer consciemment est sans doute l’un des leviers les plus efficace pour aller vers le changement que nous devons opérer. L’amoncellement d’objets et de déchets est l’une des manifestations de notre surabondance énergétique.
La règle des 5R
Refuser – de consommer quand ce n’est pas nécessaire
Réduire – c’est limiter au maximum les matières et l’énergie nécessaire à la consommation, et consommer moins souvent
Réutiliser – c’est réemployer un objet pour le même usage ou un usage plus pertinent
Réparer – plutôt que jeter (meuble, habit, ordinateur …)
Recycler – les déchets organiques entre autre . Pour beaucoup d’objets , cela demande beaucoup d’énergie ( téléphone … ) et on préférera les 4 premiers R .
7) La conception, des grandes structures au détails : La conception, des motifs aux détails
Les détails ont tendance à brouiller notre perception de la nature du système. Plus nous nous approchons, moins nous pouvons appréhender le tableau général. Ce principe est à l’origine du design (conception) de zones et de secteurs généralement concentrique autour de la maison, et de moins en moins visités au fur et à mesure qu’on s’éloigne du centre des activités. Le design est la mise en relation judicieuse d’éléments entre eux.
Les 6 zones :
La Zone 0 : c’est le centre des activités, la maison dans le cadre d’un domaine particulier, le hameau ou village dans le cadre plus large
La zone 1 : partie la plus occupée et celle qui demande le plus d’interventions . Dans le cadre d’une maison c’est le potager, le tas de
bois de chauffage, l’atelier, un petit élevage.
La zone 2 : elle reste très entretenu, mais nécessite moins de passage que la zone 1. On y mettra le poulailler, une bergerie, une étable.
Une partie du verger, les petits fruitiers. Une mare.
La zone 3 : elle accueille les cultures de plein champ comme les céréales, des prairies, des arbres fruitiers.
La zone 4 : elle reste en partie sauvage. Du bois de chauffage ou de construction peut y être prélevé. Elle abrite les animaux sauvages et
domestiques sur les pâturages.
La zone 5 : c’est la zone sauvage naturelle dans laquelle rien n’est prélevé. Elle sert de lieu d’observation et d’apprentissage de la
nature. L’homme n’y intervient pas, il n’y est que de passage.
8) Intégrer au lieu de séparer
La permaculture peut être perçue comme faisant parti d’une longue tradition de concepts qui mettent l’accent sur des relations mutuelles et symbiotiques, plutôt que des relations concurrentielles et prédatrices.
Ce principe nous invite à privilégier les mécanismes mutualistes, voire symbiotiques qui existent dans la nature, mais aussi à les appliquer dans nos relations sociales. Il permet de considérer les liens plutôt que les éléments isolés.
9) Utiliser des solutions lentes et à petite échelle
Ces proverbes nous rappellent les inconvénients de la démesure et de la croissance excessive et encourage la patience. C’est l’éloge de la lenteur. Les vertus engendrées par la lenteurs sont nombreuses : l’observation (principe 1°) de la terre, des animaux ; la contemplation ; la récupération suite à une activité stressante.
Une solution lente en ville peut rattraper une solution rapide, par exemple se déplacer à vélo plutôt qu’en voiture dans les villes, surtout aux heures de pointes.
10) Se servir de la diversité et la valoriser
A l’échelle d’un jardin, chacun peut accroitre la biodiversité en faisant ses propres semences, en les partageant avec d’autres jardiniers, de cultiver plusieurs variétés d’une même plantes (tomates , courgettes, pommiers …)
11) Utiliser les bordures et valoriser la marge
Les idées les plus communes, évidentes et populaire ne sont pas forcément les plus pertinentes.
Ce principe découle de l’observation de phénomènes naturels : les écosystèmes les plus productifs sont les lisières.
12) Face au changement, être inventif
« La vision ne consiste pas à voir les choses comme elles sont, mais comme elles seront »
La permaculture concerne la durabilité des systèmes vivants naturels et de la culture humaine, mais paradoxalement cette durabilité dépend en grande partie de la flexibilité et du changement.
Les changements sont multiples : la descente énergétique, l’effondrement du système bancaire, du mode de pensée. Selon Holmgren « nous devons adopter un mode de pensée qui nous resitue au cœur de la nature. Nous devons intégrer notre mode de pensée des cycles dont l’échelle est bien plus étendue que celle des cycles de la mode, de l’économie ou de la politique. »
1- Travailler avec la nature plutôt que contre elle
2- Le problème est la solution
3- Faire le changement le moindre pour le plus grand effet
4- Les seules limites sont celles de notre imagination
5- Tout jardine ou a un effet sur son environnement
6- Chaque élément du système doit remplir plusieurs fonctions
7- Chaque fonction doit être remplie par plusieurs éléments
8- La diversité est la base de la résilience
9- Prendre la responsabilité de sa propre vie, maintenant !
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